Test de comportement

La RACP vient d'élaborer un test de comportement, également appelé, T.A.N. pour sa grille de cotation. Ce test est indispensable à partir de la cotation 2 (confirmé premier choix). L'âge minimum est fixé à 12 mois.

CE QUE J'EN PENSE !


Le standard du berger des Pyrénées stipule que ce chien doit dénoter " sous un minimum de taille et de poids un maximum d'influx nerveux. Une physionomie toujours en éveil, un air malin et méfiant joints à une grande vivacité de mouvements, donnent à ce chien une allure caractéristique à nulle autre pareille ".

On notera qu'un chien qui vient d'emblée au contact du testeur et qui ne se préoccupe pas ou peu de l'objet obtiendra 4 points et sera évalué C (avis réservé). Par contre, un chien qui évite le contact avec le testeur et l'objet par un franc recul aura un pointage de 8 et sera retenu.

Le règlement précise que " le chien évalué C pourra se représenter une seconde fois au test ". Tout dresseur un peu confirmé saura comment régler le problème de son chien. Il lui suffira de demander à un ami, quelques minutes avant le test, de s'approcher du chien et de lui faire suffisamment peur pour qu'il évite le contact, mais pas trop pour que le chien " ne manifeste pas une attitude de fuite très marquée ". Quant au chien qui " ne se préoccupe pas ou peu de l'objet ", il suffira de lui donner un coup de parapluie sur la tête pour qu'il " évite l'objet par un franc recul ". Avec cette petite mise au point, le chien pourra être pointé et réussir son test avec les félicitations du jury. Bref, il ne sera pas bien difficile à décrocher ce test ! Il suffit de rendre son chien peureux ! C'est triste, mais c'est comme ça ! Cela dit, le jeu n'en vaut pas la chandelle, et je vous le déconseille bien évidemment !

Le montagne des Pyrénées subit les mêmes tests que son compagnon. On notera au passage que ce chien de protection du troupeau, lui, doit, pour être pointé A en terme de socialisation, " se laisser faire tranquillement ". Bref, le défenseur du troupeau doit se laisser manipuler par le premier venu. Un comble !

Un berger, et plus généralement un utilisateur, demande un chien équilibré. Qu'un berger des Pyrénées reste sur la réserve vis à vis des étrangers, ne le dérangera pas. Par contre, que son chien évite un objet par un franc recul lui posera des problèmes. Soyons clair, quand un chien qui s'écarte de la sorte (de la longueur de la laisse) : c'est une réaction de fuite ou de protection derrière son maître ! C'est une réaction de peur plus que de surprise ! Un chien qui recule devant un parapluie s'enfuira quand il se fera charger par une brebis, ne passera pas entre le troupeau et une clôture, ne restera pas immobile au coup de feu ! Bref, il sera inapte au travail.

Les testeurs de la RACP m'ont pourtant affirmé que je n'avais rien compris ! N'ayant pas la science infuse, j'ai interrogé des bergers, des utilisateurs concourant avec des bergers des Pyrénées. Tous semblent partager mon avis. Mais eux aussi doivent se tromper !

Je lance donc un appel aux utilisateurs de bergers des Pyrénées (ou non), pour qu'ils expriment leur point de vue sur ce test. Je demande qu'on m'explique pourquoi il n'y a plus qu'une petite dizaine de bergers des Pyrénées en concours de travail sur troupeau ? Pourquoi nos bergers (y compris dans les Pyrénées) sont de plus en plus nombreux à lui préférer les border collies ou les labrits (bergers des Pyrénées sans papiers) ? Pourquoi, si on faisait passer ce test aux chiens ayant réussi leur brevet de travail sur troupeau (donc prouvé qu'ils étaient de véritables chiens de bergers) ou évoluant au plus haut niveau de la compétition comme Idole à M. Lubineau ou Joy à M. Joly, ils seraient tous vraisemblablement ajournés ? Cela vaut pour tous les bergers des Pyrénées au travail (pistage, décombres, cavage, agility ...)

L'avenir du berger des Pyrénées comme chien de travail sur troupeau est en jeu ! " Le jour où le berger des Pyrénées ne sera plus un chien de travail, il perdra la plus grande partie de sa personnalité ", écrivait B. SENAC-LAGRANGE en 1927. Peut-on encore considérer le berger des Pyrénées comme un chien de travail ? Sa personnalité se résume-t-elle à rester méfiant devant un étranger, à reculer quand on ouvre un parapluie ? Est-il seulement apte à devenir un bon chien de compagnie ?

Il est grand temps (et, malheureusement, peut-être déjà trop tard) pour la RACP et tous les amoureux de la race de se poser les bonnes questions. Que voulons-nous faire du berger des Pyrénées ? Les vieux bergers se souviennent encore de ce chien capable d'aller rassembler les troupeaux sur les pentes escarpées des Pyrénées. Qu'est-il devenu ce merveilleux chien ? Qu'en avons-nous fait ? Le berger des Pyrénées est aujourd'hui à la croisée des chemins. Son avenir est entre nos mains ! La réalité, nul ne l'ignore : actuellement ce chien, compte tenu de ses spécificités caractérielles, n'est guère apte à jouer le rôle de chien de compagnie et, à quelques exceptions près, il n'est guère plus apte à travailler. Le test élaboré par la RACP, nous plonge encore plus dans le flou, puisqu'il ne tranche pas entre les deux optiques en écartant les chiens sociables. L'histoire nous jugera ! Comme toujours : quand il sera trop tard !

© J. HERREROS